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Phobie de conduire : quel nom pour la peur au volant ?

Femme stressée au volant d'une voiture moderne

L’incapacité à prendre le volant ne découle pas toujours d’un manque d’expérience ou d’un événement traumatisant. Certaines personnes s’estiment aptes à conduire, détiennent leur permis, mais se retrouvent paralysées devant la simple idée de démarrer une voiture.

Ce phénomène porte un nom précis dans le champ médical et psychologique. Les professionnels de santé mentale l’étudient depuis plusieurs décennies, identifiant des symptômes spécifiques et des pistes concrètes pour accompagner les personnes concernées.

L’amaxophobie, un trouble encore méconnu : de quoi parle-t-on vraiment ?

On parle ici d’amaxophobie pour désigner cette phobie de conduire qui fige certains conducteurs dès qu’ils prennent place derrière le volant, parfois même à la seule idée de rouler. Pour certains, la panique surgit au moment de passer un tunnel, d’affronter un embouteillage ou de doubler un poids lourd sur l’autoroute. Il ne s’agit pas d’une simple appréhension : l’amaxophobie provoque une angoisse persistante, parfois si forte qu’elle paralyse totalement.

Cette peur au volant ne concerne pas seulement ceux qui tiennent le volant. Quelqu’un assis sur le siège passager peut aussi ressentir un mal-être extrême, parfois proche de la crise de panique. Les spécialistes rappellent que l’amaxophobie peut toucher toutes les personnes amenées à circuler en véhicule, conducteurs comme passagers. Beaucoup gardent le silence, redoutant d’être jugés ou incompris, d’où un phénomène largement sous-estimé.

Parfois, le trouble s’installe peu à peu. D’autres fois, il surgit avec violence après un événement qui laisse une marque profonde. L’entourage, souvent, banalise la détresse du conducteur ou du passager, persuadé qu’il suffit de « se forcer ». Mais la phobie de conduire s’enracine dans des mécanismes intimes, bien plus profonds qu’il n’y paraît.

L’amaxophobie n’est pas anodine : elle prive de liberté de mouvement, entraîne une forme de repli et rogne sur l’autonomie. En France, le sujet reste peu mis en avant, alors qu’il peut bouleverser le quotidien. Reconnue, prise au sérieux, cette phobie mérite un accompagnement spécifique.

Quels signes révèlent la peur de conduire au quotidien ?

La phobie de conduire s’infiltre dans la vie de tous les jours sans prévenir. Il ne s’agit pas seulement d’un petit stress : certains vivent de véritables crises d’angoisse sur la route. Autoroute, tunnel, bouchon… Le cœur s’emballe, la respiration devient difficile. On parle de palpitations, de sueurs froides, de tremblements, parfois même de vertiges ou de douleurs thoraciques. Pour certains, c’est la peur de mourir qui domine, ou la sensation d’être au bord de la perte de contrôle, à la fois du véhicule et de soi-même.

Mais le malaise ne se limite pas à l’instant où l’on roule : la peur au volant s’invite bien avant le départ. L’idée même d’emprunter une route, de doubler un poids lourd ou d’entrer dans un échangeur déclenche une avalanche de stress. Beaucoup adoptent alors des comportements d’évitement pour se tenir éloignés de la situation redoutée.

Voici quelques exemples concrets de stratégies ou conséquences qui surgissent quand la peur de conduire prend le dessus :

  • Arrêt complet de la conduite, parfois du jour au lendemain
  • Réduction progressive des sorties, jusqu’à un isolement social marqué
  • Refus systématique de certains trajets, autoroutes, tunnels, centre-ville
  • Sensation de ne plus être autonome dans la vie de tous les jours

Ce mécanisme d’évitement s’installe vite : à chaque renoncement, la panique s’ancre un peu plus, rendant chaque tentative de reprise du volant plus redoutable. La spirale peut mener à l’isolement, à la perte de confiance, et à un véritable handicap qui empoisonne le quotidien.

Comprendre les causes profondes de l’amaxophobie

L’amaxophobie découle d’un enchevêtrement de facteurs. Premier élément : l’accident de la route, vécu en direct ou dont on a été témoin, qui agit comme un événement traumatisant et laisse une empreinte durable. Le cerveau associe alors la voiture au danger ; la peur s’installe, l’évitement devient réflexe. Parfois, le syndrome de stress post-traumatique aggrave encore la situation.

Mais l’expérience n’explique pas tout. Les troubles anxieux, agoraphobie, claustrophobie, obsessions, peuvent aussi ouvrir la porte à la phobie de conduire. Un terrain anxieux, une prédisposition familiale, ou un manque de confiance en soi jouent souvent un rôle. Les conducteurs novices, qui manquent d’expérience, sont parfois plus vulnérables : chaque manœuvre devient une épreuve.

Les situations suivantes reviennent fréquemment parmi les causes ou facteurs déclenchants :

  • Antécédents d’accident ou de frayeur notable sur la route
  • Personnalité anxieuse, dépendante ou sujette aux peurs multiples
  • Permis de conduire tout juste obtenu, peu de kilomètres au compteur
  • Présence d’un trouble obsessionnel-compulsif, d’agoraphobie ou d’autres phobies associées

Le schéma d’évitement s’installe : moins on conduit, plus la crainte s’amplifie. Ce cercle vicieux peut concerner conducteurs et passagers, parfois incapables de s’asseoir à l’avant sans une montée de tension insupportable. L’environnement familial, une éducation surprotectrice, ou la transmission d’une peur peuvent aussi façonner une anxiété durable liée à la conduite.

Jeune homme hésitant à côté de sa voiture en parking

Des solutions concrètes pour retrouver confiance au volant

Sortir de l’amaxophobie ne tient pas du hasard. Il faut souvent une méthode, de la patience, et un accompagnement adapté. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont aujourd’hui au cœur du dispositif : elles reposent sur une exposition progressive à la peur au volant, afin de briser le cercle de l’évitement et de réapprendre à gérer l’anxiété. Ce cheminement se fait avec un professionnel, en cabinet ou à distance.

Désormais, la réalité virtuelle s’invite dans la prise en charge. À Marseille (CHU de la Conception) ou à Paris (Pitié-Salpêtrière), des casques immergent les patients dans des situations « à risques » : tunnels étroits, embouteillages, dépassements sur autoroute. Le thérapeute encadre, rassure, module l’intensité. Le patient progresse, en sécurité, sans quitter la pièce. Ces séances sont remboursées par la Sécurité sociale, gage de leur reconnaissance médicale.

D’autres approches viennent compléter ce travail. Sophrologie, hypnose, EFT, relaxation, respiration, méditation, visualisation positive : toutes ces méthodes visent à mieux apprivoiser le stress, à rétablir l’équilibre entre le corps et l’esprit. Certaines auto-écoles ou stages spécialisés proposent des parcours pour renouer concrètement avec la conduite, en avançant étape par étape. Ce retour progressif, accompagné, permet de restaurer la confiance, non seulement dans la voiture mais aussi en soi-même.

Retrouver la route, ce n’est pas seulement reprendre un volant : c’est aussi s’offrir à nouveau la possibilité d’avancer, de s’ouvrir aux autres, de choisir sa trajectoire. La peur, elle, n’est jamais une fatalité gravée dans le bitume.

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